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Qui veut la peau de l'agriculture bio française ?

Publiée le 21 décembre 2010 à 07:31 dans Actualité de l'agriculture et de la pêche

Le développement de l'agriculture biologique française est bien mal en point. Alors que les engagements du Grenelle en matière de surface agricole bio sont loin d'être atteint, la majorité gouvernementale a divisé par deux le crédit d'impôt destiné aux agriculteurs qui se convertissent au bio.

Agriculture biologique

Les coups de rabot dans les engagements du Grenelle de l'environnement se succèdent... et se confirment dans le vote de la loi de finances 2011, qui vient d'être adoptée par le Parlement.

Les députés de la majorité ont voté la diminution de moitié du crédit d'impôt accordé aux agriculteurs pendant la phase de conversion à l'agriculture biologique, qui dure 3 ans. Pendant ces 3 années difficiles, l'exploitant ne peut pas encore vendre ses produits avec le label bio, tout en devant respecter les multiples contraintes de l'agriculture biologique.

Cette aide permet à l'entreprise agricole de bénéficier de 4 000 euros de crédit d'impôt si au moins 40 % de la recette de l'exploitation provient de l'agriculture biologique. Désormais, elle ne dépassera pas 2 000 euros.

Un renoncement à l'agriculture bio

Ce crédit d'impôt est indispensable au développement de l'agriculture bio en France : cette dernière ne représente aujourd'hui que 2,46 % de la totalité des surfaces agricoles de l'hexagone. Les objectifs fixés par le Grenelle dans le "Plan Agriculture bio" sont d'atteindre 6 % en 2012 et 20 % en 2020.

Les aides accordées jusqu'à présent aux agriculteurs qui souhaitaient abandonner les produits phytosanitaires pour redécouvrir une agriculture saine et respectueuse de la biodiversité ont porté leurs fruits. Entre 2008 et 2009, 3 148 agriculteurs sont entrés dans une phase de conversion à l'agriculture biologique, soit une augmentation de 23,7 % en un an.

La division du crédit d'impôt va mettre un terme à ces chiffres encourageants. "Cette mesure était pourtant essentielle pour développer l’agriculture biologique en facilitant les conversions" déplore François Veillerette, porte parole de Générations Futures. "Il s’agit d’une véritable trahison, d’un reniement insupportable. Une fois de plus la majorité présidentielle cherche à satisfaire une FNSEA de plus en plus dominée par l’agro‐industrie et renie sa parole donnée pendant le Grenelle de l’Environnement en retirant son soutien à l’Agriculture Biologique" s'insurge-t-il.

"Casser une dynamique vertueuse"

Renoncer au développement de l'agriculture biologique ne va pas renflouer les caisses de l'Etat. Le crédit d'impôts destiné à l'agriculture biologique ne coûte que 17 millions d'euros par an, soit "11 fois moins que le budget prévu pour les exonérations fiscales au profit de la filière des agrocarburants, subventionnée à hauteur de 196 millions d'euros" rappelle Europe Ecologie - Les Verts.

Ce choix d'une diminution de moitié revient à "casser une dynamique de développement encore fragile et la pleine montée en puissance d'une chaîne vertueuse, capable de répondre aux défis actuels" déplorent Alain Rousset, président de l'Association des régions de France (ARF), et René Souchon, président de la région Auvergne et de la commission agriculture de l'ARF.

Une décision d'autant plus incompréhensible que la demande de produits bio est très forte en France. Aujourd'hui, 40 % des produits bio vendus en grande surface sont importés. Un non-sens écologique qui pourrait être résolu par une augmentation de l'offre de produits bio locaux.

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