Accessibilité Aller au contenu Quel avenir pour les algues vertes en Bretagne ?

Quel avenir pour les algues vertes en Bretagne ?

Publiée le 24 août 2009 à 06:52 dans Actualité de l'agriculture et de la pêche

Lors de sa visite à Saint-Michel-en Grève, le premier ministre François Fillon a promis un plan d'action pour combattre les algues vertes toxiques qui prolifèrent sur le littoral breton : il devrait voir le jour au printemps.

Algues vertes en Bretagne

La prolifération des algues vertes en Bretagne est dangereuse pour la santé humaine : lors de leur décomposition, elles émettent de l'hydrogène sulfuré qui peut tuer un homme en une minute lorsque sa concentration dans l'air est élevée.

Les algues vertes prolifèrent à cause de l'apport massif de nutriments type azote, phosphore et nitrate, provenant de l'agriculture intensive pratiquée en Bretagne et notamment l'élevage porcin.

En 2007, l'Etat avait été reconnu responsable de la prolifération des algues vertes en Bretagne par le tribunal de Rennes. Il a été jugé coupable de carences "dans la mise en œuvre des réglementations nationale et européenne", constituant "une faute de nature à engager sa responsabilité, et que cette faute est en relation directe avec la pollution nitratée des eaux à l’origine du phénomène des marées vertes dans les baies de Saint Brieuc et de Douarnenez".

Il a été également condamné par le Cour de justice de l'Union Européenne pour son retard dans l'application des directives européennes en matière de lutte contre la pollution des eaux aux nitrates, notamment en Bretagne.

Réponse très tardive de l'Etat

Il aura fallu attendre le décès d'un cheval, le malaise de son cavalier sauvé de justesse et un rapport de l'Ineris confirmant la dangerosité de ces algues pour la santé publique pour que le gouvernement décide de s'en préoccuper.

Le premier ministre François Fillon, accompagné de la secrétaire d'Etat à l'écologie Chantal Jouanno, de la ministre de la santé Roselyne Bachelot et du ministre de l'agriculture Bruno Le Maire se sont déplacés jeudi dernier à Saint-Michel-en-Grève pour constater les dégâts et annoncer qu'un plan d'action serait proposé d'ici 1 à 3 mois, par une mission interministérielle.

L'Etat va désormais prendre à sa charge le nettoyage des plages, mesures vivement réclamées par les petites communes bretonnes qui devaient jusqu'à présent consacrer un budget pharaonique pour enlever les algues de leurs plages.

François Fillon a promis que seraient expérimentées "des politiques nouvelles" dans les baies de Lannion et de Saint-Brieuc. Jusqu'à présent, les autorisations pour les ouvertures de nouveaux élevages porcins intensifs ont toujours été attribuées, à l'image d'un élevage de porcs de plus de 23 000 bêtes à terme, qui verra le jour d'ici quelques semaines à environ 50 km de Saint-Michel-en-Grève.

"Il est temps de mettre en place une véritable politique de prévention et que les problèmes environnementaux et sanitaires liés aux pollutions aux nitrates ne soient plus niés par une partie du monde agricole. Ce lobbying est inadmissible" s'agace José Cambou de France Nature Environnement (FNE).

"L’élevage hors-sol produit en Bretagne une quantité de déjections qui dépasse largement la capacité d’absorption du milieu naturel. Les expédients mis en œuvre sont inefficaces. La responsabilité du modèle agricole intensif est évidente, tant en matière d’élevage que de cultures, mais aussi celle de l’industrie agro-alimentaire et de l’agro-business en général" ajoute Jean-Claude Bévillard, pilote du réseau agriculture de FNE.

Le gouvernement aura-t-il le courage d'aller à l'encontre des sociétés financières qui possèdent une partie des élevages intensifs bretons et qui exigent toujours plus de rendement ? D'orienter l'agriculture bretonne vers des méthodes plus durables et plus respectueuses de l'environnement ? Réponse dans 3 mois.

Partagez cette actualité

Suivez-nous