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Des sangliers asphyxiés par les algues vertes

Par Annabelle Alix. Publiée le 08 septembre 2011 à 15:00 dans Actualité de l'agriculture et de la pêche

L’institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) vient de publier un rapport, sur les concentrations en sulfure d’hydrogène dans la baie de Morieux et à l’embouchure du Gouessant (Côtes d’Armor). Ce rapport fait suite aux cadavres de sangliers retrouvés cet été, et confirme la toxicité des algues vertes putréfiées.

Algues vertes en Bretagne

Des zones arborées à proximité de points d’eau. C’est le lieu d’habitat privilégié des sangliers, que l’on trouve abondamment dans les Côtes d’Armor, notamment vers la baie de Morieux. Mais un intrus demeure : des algues vertes putréfiées, dégageant des substances dont la toxicité présumée vient d’être confirmée par le rapport de l’INERIS. Le constat est sans appel : les sangliers retrouvés morts cet été en Bretagne se sont asphyxiés à l’hydrogène sulfuré (H2S).

Selon le rapport de l’INERIS, « le sulfure d’hydrogène (H2S) est un gaz très toxique, un peu plus lourd que l’air, ce qui explique le risque aggravé en milieu confiné. » On le trouve concentré dans les algues vertes qui jonchent le littoral breton. Il est également produit par l’industrie (industries du traitement des eaux usées, hauts-fourneaux, raffineries de pétrole...).

Le rapport de l’INERIS rappelle que le H2S est « un irritant des voies respiratoires, et un neurotoxique par asphyxie. » Selon la durée et le mode d’exposition (aiguë, subchronique ou chronique), le H2S peut provoquer céphalées, nausées, perte de neurones olfactifs traduisant une baisse de l’odorat, et hyperplasie régénérative (développement démesuré d’un tissu ou d’un organe). Au cours de plusieurs études, une toxicité oculaire et cardiaque ont également été respectivement détectées chez des rats et des lapins exposés au sulfure d’hydrogène.

Pour éclaircir les circonstances de la mort de sangliers dans la baie de Morieux, l’INERIS y a mesuré les concentrations de l’air en H2S. Celles-ci se sont avérées être plus élevées là où les cadavres d’animaux ont été retrouvés (209,1µg/m3, 172,8µg/m3 et 54, 2µg/m3), ainsi que sur les lieux de passage des sangliers (138,8µg/m3 et 72, 4µg/m3). Le rapport indique que les valeurs moyennes récoltées au cours cette étude sont 5 à 75 fois supérieures aux concentrations locales, elles-mêmes déjà plus élevées que celles habituellement observées. A titre de comparaison avec le secteur industriel, l’INERIS précise qu’à 100 mètres d’une plateforme de compostage de déchets, ont été mesurées des concentrations en H2S comprises entre 4 et 20 µg/m3...

Bouffée mortelle

Des mesures ont également été effectuées à la source des émissions en H2S, afin « d’approcher les niveaux de concentration des gaz présents en surface immédiate des sédiments étudiés », explique le rapport. Il en ressort que « les concentrations d’émission les plus élevées en hydrogène sulfuré ont été mesurées, au niveau du sol, sur la plage Sainte Maurice. Elles ont atteint plus de 3000mg/m3 au pied de la cale Saint Maurice et près de 1500mg/m3 sur le tas d’algues vertes situé à 250 mètres au bord de la plage. » Le rapport indique que de telles concentrations sont au moins à l’origine de séquelles irréversibles, et peuvent provoquer la mort. Il ajoute que « sur les sites industriels (stations de traitement des eaux usées par exemple), ou dans des ambiances particulières (égouts, ouvrages souterrains), l’INERIS rencontre rarement des concentrations en H2S supérieures à 1000mg/m3. »

A l’embouchure de l’estuaire, où des sangliers morts ont été retrouvés, les quantités de H2S relevées resteraient inférieures au seuil des effets irréversibles. Mais le rapport précise que l’exposition à une « bouffée instantanée très près de la source » à cet endroit pourrait conduire à un accident mortel. Une hypothèse en phase avec la mortalité de sangliers observée.

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