Accessibilité Aller au contenu Le Grenelle de l'environnement a 3 ans : 74 % de français considèrent qu'il est un échec

Le Grenelle de l'environnement a 3 ans : 74 % de français considèrent qu'il est un échec

Publiée le 25 octobre 2010 à 08:24 dans Actualité de l'environnement

Le 25 octobre 2007 naissait le Grenelle de l'environnement, avec un discours fondateur prononcé par Nicolas Sarkozy qui laissait envisager un grand bouleversement en matière d'intégration de la protection de l'environnement dans toutes les politiques publiques. 3 ans plus tard, le constat est amer.

Grenelle de l'environnement

Le troisième anniversaire du Grenelle de l'environnement n'est pas fêté avec enthousiasme. Selon un récent sondage Opinion Way - Terra Eco, 74 % des Français considèrent que le Grenelle est un échec.

Le New Deal écologique promis par le Président de la République lors du discours fondateur a généré de nombreuses attentes, des citoyens et des associations de protection de l'environnement notamment. La déception est grande 3 ans plus tard.

Les tables rondes, regroupant les acteurs de la société civile, avaient donné lieu à de nombreuses propositions ambitieuses : peu d'entre elles ont été converties en véritables actions. Parmi elles, l'abandon de la taxe carbone au début de l'année 2010 a cristallisé la colère des associations, amenant la fondation Nicolas Hulot à se retirer des négociations.

Des actions politiques anti-Grenelle

Plusieurs décisions prises par le gouvernement depuis 2008 vont clairement à l'encontre de la révolution verte promise par le Grenelle : durcissement des conditions d'implantation des éoliennes, relâchement dans le plan écophyto 2018 censé réduire l'utilisation de pesticides par les agriculteurs, feu vert donné à plusieurs constructions autoroutières, report de la taxe poids-lourds et abandon de la taxe carbone, construction de nouveaux réacteurs nucléaires, homologation d'insecticides tueurs d'abeilles...

La désillusion a été notamment agrémentée de la déclaration fracassante de Nicolas Sarkozy à propos de l'agriculture française " l'environnement..., ça commence à bien faire" et de l'échec du Sommet de Copenhague.

"Le moins qu'on puisse dire, c'est que cela n'a pas été une révolution. On pensait que tout allait être jugé à l'aune de l'environnement. On a raté une bonne occasion de faire vraiment bouger les choses" a déclaré Isabelle Autissier, présidente du WWF France.

Grâce au Grenelle, "on a pu être cadre dirigeant, élu et commencer à parler d'environnement comme d'un sujet sérieux, et non plus d'une maladie honteuse" souligne Jean-Marc Jancovici, ingénieur spécialiste de l'énergie et du climat. En revanche, "la révolution dans la façon de penser, de changer de manière radicale notre vision de l'avenir, n'a pas eu lieu!" admet-il.

Quelques avancées à souligner

Le Grenelle n'a pas amené l'intégration systématique de la prise en compte de l'environnement dans les décisions politiques, mais a permis des avancées intéressantes dans certains domaines.

Le bâtiment a bénéficié de mesures pour améliorer sa performance énergétique, portant surtout sur les bâtiments neufs qui devraient être généralisés " basses consommation". La rénovation thermique des bâtiments anciens, pourtant dotée d'objectifs ambitieux, ne semble pas bénéficier de moyens nécessaires pour atteindre ses enjeux.

La trame verte et bleue constitue également une avancée pour la protection de la biodiversité. Le bonus-malus mis en place pour inciter à l'achat de véhicules peu émetteurs de CO2 a porté ses fruits. En matière de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, le Grenelle oblige certaines collectivités territoriales à mettre en place un plan climat-énergie avant le 31 décembre 2012, mais les communes et intercommunalités de moins de 50 000 habitants ainsi que les pays et Parcs Naturels Régionaux n'y sont pas contraints.

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