Accessibilité Aller au contenu La dépollution du pétrole déversé dans la réserve de la Crau inquiète

La dépollution du pétrole déversé dans la réserve de la Crau inquiète

Publiée le 08 septembre 2009 à 09:00 dans Actualité de la pollution et des accidents d'entreprises

La rupture de l'oléoduc qui s'est produite début août dans la réserve naturelle de la Crau avait pollué près de 5 hectares de terres irremplaçables. Les méthodes de dépollution pratiquées accentueraient le désastre écologique.

Pollution marée noire de pétrole

L'oléoduc géré par la Société du Pipeline Sud-Européen (SPSE) et appartenant pour 50 % à Total et 50 % à Exxon avait déversé 4000 m3 de pétrole dans la réserve naturelle, souillant 5 hectares de terres.

"La destruction de cet habitat est irréversible. Il s'est façonné en 10000 ans : c'est un peu comme si on badigeonnait de pétrole la grotte de Lascaux !" avait déclaré le CEEP, co-gestionnaire de la réserve naturelle avec la Chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône.

Les travaux de dépollution sont en cours : ils consistent à enlever une couche de 40 centimètres sur le sol pollué, à l'aide de tractopelles. Ils nécessitent la rotation de 1 600 camions.

Manque de transparence de la SPSE

Les gestionnaires de la réserve et les associations dénoncent l'opacité du déroulement des travaux et le manque de collaboration de SPSE avec le personnel de Crau.

"Actuellement la circulation se fait de manière désordonnée : les engins roulent et écrasent végétaux et animaux sur plus de 13 ha de milieu naturel protégé. Aucune voie d’accès n’a été définie en accord avec la Réserve Naturelle" explique France Nature Environnement (FNE).

"De plus, des sondages ont été réalisés par la SPSE dans la réserve et sur le site Natura 2000, sans aucune évaluation d’incidences préalable. D’ailleurs, l’un des sondages a fait l’objet d’un procès-verbal" dénonce le réseau d'associations de protection de l'environnement.

FNE déplore que la société "ne donne pas toutes les informations nécessaires au bon déroulement de l’opération", que "les journalistes se sont vus refuser l’accès au site par la SPSE" et que "l’essentiel des informations en circulation n’ont qu’une seule et unique source : le service communication de la société".

La nappe phréatique polluée

La SPSE avait déclaré après le sinistre que la nappe phréatique ne courait aucun danger. Elle revient sur ses affirmations, reconnaissant que les "deux derniers prélèvements avaient prouvé qu'il y avait des des traces d'hydrocarbures dans la nappe phréatique".

"Un système de dépollution de la nappe phréatique, avec pompage et traitement est à l'étude, en cas de pollution de l'eau potable" a déclaré la chargée de communication de la SPSE Laure Carougeau au quotidien La Provence.

L'Union Régionale du Sud-Est pour la Sauvegarde de la Vie, de la Nature et de l'Environnement (URVN) et FNE demandent en urgence une réunion avec tous les acteurs pour définir les modalités de dépollution, un suivi du chantier, ainsi qu'une analyse sur l'état et les risques des canalisations et des installations industrielles.

"La Crau dans son ensemble, et pas que la réserve, est un milieu exceptionnel. Malheureusement, elle est soumise à une pression économique forte. D’autres projets de gazoducs sont prévus. Nous craignons pour l’avenir de ces milieux naturels uniques en France où subsistent des espèces endémiques. Il faut absolument que les acteurs économiques tiennent compte de cette donnée. La protection de la nature ce n’est pas que dans les publicités !" explique Pierre Applincourt, président de l'URVN.

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