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Bois illégal : la France s'oppose à un renforcement des contrôles

Publiée le 28 avril 2009 à 08:56 dans Actualité de la biodiversité

Alors que les députés européens ont voté un renforcement du règlement contre l'importation de bois illégal en Europe, le gouvernement français s'oppose à la traçabilité du bois. Incompréhensible pour un pays qui veut lutter contre la déforestation.

Bois coupé

La position de la France à l'égard de la déforestation semblait pourtant être claire dans le discours : le Grenelle de l'environnement s'engage pour la sauvegarde de la biodiversité, le ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo pour la protection des forêts tropicales, le ministre de l'agriculture Michel Barnier se proclame "candidat de l'éco-croissance" et Nicolas Sarkozy veut mettre "la France à la tête de la politique environnementale européenne"...

Mais les beaux discours s'effondrent lorsque l'on apprend que le gouvernement français a envoyé une note de la part du bureau du premier ministre François Fillon aux eurodéputés, leur demandant de ne pas voter certains amendements du projet de règlement contre l'importation de bois illégal en Europe, en invoquant "un dispositif trop lourd et coûteux totalement prohibitif".

Selon les associations de protection de l'environnement, "la France demandait aux députés européens français de voter contre le principe d'une traçabilité des produits bois, des forêts de productions aux consommateurs finaux".

Adoption d'un règlement européen plus contraignant

Les députés européens ont malgré la pression française voté un texte qui obligera tous les acteurs du bois à prouver la légalité des produits qu'ils importent et à mettre en place un système de traçabilité complet de la production jusqu'aux consommateurs. La mise en place définitive d'une loi européenne ne pourra être possible que si ce texte est adopté au Conseil de l'Agriculture qui aura lieu en juin prochain.

"Malheureusement, les États membres tergiversent. Premier importateur de bois exotique en Europe, la France ne souhaite pas un règlement trop contraignant qu'elle juge, sans avoir mener les expertises nécessaires, pénalisant pour les entreprises, malgré les enjeux climatiques, environnementaux et sociaux de la déforestation" explique Greenpeace.

"Hors, il faut rappeler que c'est la concurrence déloyale du bois d'origine illégale qui pénalise toute la filière bois et récompense les mauvaises pratiques au détriment du bois d'origine légale et durable" ajoute l'association écologiste.

La France importe 39 % de bois illégal

Selon une étude récente du WWF, la France importerait 39 % de bois tropical illégal. En Europe, ce sont entre 16 % et 19 % des importations de bois qui proviendraient de la déforestation illégale.

La Russie, l’Indonésie et la Chine sont en tête de ces importations peu scrupuleuses, mais ne sont pas les seuls : au total, 23 % des produits forestiers importés d’Europe de l’est, 40 % de ceux importés d’Asie du Sud-est, 30 % de ceux d’Amérique latine et 36 % à 56 % de ceux d’Afrique proviennent de sources présumées illégales.

Le bois illégal, un problème écologique, humain et économique

Le bois illégal représente une menace considérable pour les forêts primaires et pour la biodiversité qu'elles abritent. La déforestation favorise les catastrophes naturelles type inondations ou glissement de terrain et contribue aux dérèglements climatiques.

Elle empêche la gestion durable des forêts en dépréciant le prix du bois. La Banque Mondiale estime que les activités d’exploitation illégale du bois pourraient représenter une perte pour les pays forestiers d’au moins 15 milliards de dollars par an.

Les populations locales sont celles qui souffrent le plus du trafic de bois : privées d’une précieuse ressource, elles sont de surcroît exploitées par ce commerce qui alimente le crime organisé, le blanchiment d’argent et les guerres civiles.

La position de la France va-t-elle évoluer d'ici le mois de juin, pour qu'une loi européenne permettant de lutter contre la déforestation soit définitivement adoptée ? Pour le moment, aucun commentaire sur la note du Premier ministre n'émane du gouvernement.

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