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Un rapport parlementaire en faveur des pesticides

Publiée le 30 avril 2010 à 06:49 dans Actualité de l'agriculture et de la pêche

L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) vient de rendre un rapport mené par le député UMP de la Manche Claude Gatigno et le sénateur UMP de la Marne Jean-Claude Etienne, très favorable à l'utilisation des pesticides.

Epandage par avion de pesticides

Le rapport de l'Opecst est une remise en cause de l'objectif du plan Ecophyto 2018, une des mesures phares du Grenelle de l'environnement, qui vise la réduction de 50 % de l'utilisation de pesticides dans l'agriculture française d'ici 2018.

Selon les rapporteurs Claude Gatigno et Jean-Claude Etienne, la diminution de l'utilisation des pesticides dans l'agriculture ferait courir des risques "à un pan entier de notre économie".

Les députés UMP craignent avec la baisse du recours aux produits phytosanitaires une "probable diminution des rendements", une plus grande sensibilité des cultures aux parasites et des phénomènes de résistance des ravageurs, une hausse des prix agricoles ainsi qu'une "possible disparition de production de fruits et légumes".

Concernant la nocivité environnementale et sanitaire des pesticides, le rapport déclare qu'aucune "étude scientifique n'est en mesure aujourd'hui de faire, chez l'homme, un lien entre la consommation d'aliments issus de l'agriculture conventionnelle qui utilise des produits phytopharmaceutiques et la survenue de maladies."

Les agriculteurs malades, oui mais...

Le rapport reconnaît que les agriculteurs souffrent plus de certains types de cancers, comme celui de la prostate, des lèvres ou du cerveau mais il n'attribue pas ces maladies à l'utilisation des produits phytosanitaires. "Ils ne sont pas exposés aux seuls pesticides" déclare-t-il.

Les deux députés réclament en conclusion une simplification de la législation pour l'usage des pesticides et le développement de la recherche pour des plantes génétiquement modifiées (OGM), résistantes aux ravageurs des cultures. Ils reconnaissent une carence d'études et de mesures sur les conséquences sanitaires des pesticides et demandent parallèlement un renforcement de la surveillance épidémiologique de la population, en mettant en place des registres départementaux qui recenseraient les cancers.

Un rapport complaisant envers les industriels

Ce rapport prône "des thèses très proches de celles des industriels et se livre à une attaque en règle contre le plan de réduction de l'utilisation des pesticides" déplore François Veillerette du Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF).

Le MDRGF avait été invité à participer aux travaux du comité de suivi du rapport en 2009 : il avait émis de vives critiques sur le rapport provisoire élaboré l'été dernier. Depuis, le MDRGF n'a plus été consulté.

"Ce projet de rapport minorait en effet les connaissances scientifiques sur la dangerosité des pesticides de manière scandaleuse et faisait preuve d'un à priori patent favorable aux pesticides" explique l'association.

Marie-Christine Blandin, sénatrice Verte du Nord, rappelle que seule 10 membres sur 36 au total que compte l’Opecst ont voté ce rapport. "Même l’UIPP, (ancienne Union des Industries Phytopharmaceutiques, rebaptisée Union des Industries de la Protection des Plantes) n’aurait pas fait mieux pour promouvoir les pesticides !" ironise-t-elle.

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