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Agriculture et environnement : Sarkozy renie-t-il le Grenelle ?

Publiée le 08 mars 2010 à 06:35 dans Actualité de l'agriculture et de la pêche

"L'environnement dans l'agriculture, ça commence à bien faire" a martelé Nicolas Sarkozy lors de sa visite au salon de l'agriculture, le jour de la clôture. Pour résoudre la grave crise que traversent les agriculteurs, le chef de l'État veut alléger les contraintes environnementales. Une agriculture durable ?

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La visite de Nicolas Sarkozy au salon de l'agriculture était très attendue. Alors que l'agriculture française traverse une période de crise sans précédent, le chef de l'Etat a attendu le dernier jour du salon pour faire le déplacement, ce qui lui a valu de vives critiques de la part des agriculteurs.

Ses propositions pour résoudre la crise agricole ont apaisé provisoirement leur grogne. Il a promis 800 millions de prêts bonifiés, qui seront accordés par les banques pour les agriculteurs en difficulté. Les travailleurs saisonniers seront également exonérés de charges.

Il encourage également les producteurs "à se regrouper" pour peser sur la distribution, la vente et la commercialisation, sans annoncer de mesures concrètes pour les aider ou des contraintes prises à l'encontre de la grande distribution pour qu'elle pratique des prix d'achats plus équitables. Le secteur du lait, pourtant unifié, a connu sa pire crise l'année dernière.

Pause environnementale

Nicolas Sarkozy a également affirmé que les ministres de l'agriculture Bruno Le Maire et de l'écologie Jean-Louis Borloo allaient travailler autour d’une nouvelle méthode d’analyse des mesures environnementales en agriculture.

"Je n’accepte plus les distorsions de concurrence à l’intérieur de l’Europe où nos agriculteurs, on leur empoisonne la vie tous les jours et les autres, on ne leur demande rien" a-t-il déclaré. Sans souligner que les pesticides, herbicides et autres engrais chimiques utilisés dans l'agriculture étaient justement ce qui empoisonnait les agriculteurs.

"Lorsque les agriculteurs sont exposés aux pesticides, ils développent des anomalies de leur génome pouvant être à l’origine du cancer. En d’autres termes, les agriculteurs exposés aux pesticides présentent des empreintes moléculaires de précurseurs tumoraux" concluait en février dernier une étude publiée par la Ligue contre le cancer.

Plus de pesticides pour plus de rentabilité, une solution durable pour résoudre la crise dans l'agriculture ? Le Grenelle de l'environnement prônait l'inverse, avec le plan écophyto 2018, qui avait pour objectif la réduction de 50 % de l'usage des pesticides dans l'agriculture française, plus gros consommateur européen de produits phytosanitaires. L'hexagone ne compte plus ses condamnations par l'Union Européenne pour la mauvaise qualité de ses eaux, qui contiennent des traces de pesticides dans 98 % des eaux de surface..

L'agriculture écologique, pas électorale pour les régionales ?

"Le masque vert de Nicolas Sarkozy est tombé, c'est la preuve de son mépris pour la cause environnementale" s'est insurgé la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot. Les propos du chef de l'Etat selon elle "soulignent une fois de plus son incompréhension des enjeux de l'agriculture paysanne et durable, et sa négligence pour l'avenir de la filière".

Avis partagé par les défenseurs d'une agriculture durable, plus respectueuse des hommes qui y travaillent et de l'environnement dont elle dépend.

"Sarkozy envoie des signaux aux agriculteurs avant les régionales. Mais opposer environnement et agriculture est tout à fait contraire à l’esprit du Grenelle, qui avait justement voulu les réconcilier" a déclaré Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement.

"Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois joué au pompier pyromane. Il a occulté l'essentiel en s'attardant sur l'accessoire. En remettant en cause les efforts consentis par l'agriculture dans le domaine environnemental, en stigmatisant le Grenelle de l'environnement, il s'est lui-même discrédité. Il conteste aujourd'hui les actions qu'il a lui-même mises en place hier" a déclaré le président de la région Basse-Normandie Laurent Beauvais.

Jean-Louis Borloo estime que le revirement de Nicolas Sarkozy concernant la politique agricole prônée par le Grenelle "est un problème de paperasse et de modalités qu'il faut revoir". Il va falloir qu'il réussisse à convaincre tous les défenseurs de l'environnement et de la santé publique.

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