Le plan de relance présenté le 2 février par le premier ministre François Fillon, investit dans 1000 chantiers dont la grande majorité sont en décalage complet avec les orientations du Grenelle de l'environnement.
"Le plan de relance du gouvernement est le véritable accélérateur du Grenelle" assurait le ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo avant la présentation de François Fillon, en argumentant que le développement durable bénéficierait de 5 milliards d'euros.
Mais l'accélérateur ne s'est pas fait sentir, loin de là. Dans le discours du premier ministre, le Grenelle de l'environnement n'a même pas été évoqué.
Les investissements concernent pour la plupart des chantiers déjà engagés, sans innovation écologique, sans nouvelle orientation économique allant dans le sens de la réduction de la consommation énergétique, de l'extension de l'agriculture biologique, de la réorientation des déplacements vers des transports propres, de création d'emplois verts ou de construction massive et de réhabilitation de logements sociaux notamment.
Les transports routiers sont à l'honneur dans ce plan. Les projets autoroutiers de l'A63 (Bordeaux-Espagne), l'A355 (Strasbourg) et l'A150 (Le Havre-Rouen) sont lancés, alors qu'ils avaient été gelés par le Grenelle.
1 milliard d'euros seront consacrés à l'entretien et à la création de routes, au détriment du développement des transports en communs et des infrastructures favorisant les transports propres.
400 millions d'euros financeront la recherche sur les véhicules propres, mais des prêts alloués à la relance du secteur automobile ne sont pas accompagnés de conditions de construction de véhicules moins polluants.
Le plan consacrera seulement 70 millions d'euros pour la rénovation du réseau ferroviaire, dont la vétusté demanderait des investissements bien plus conséquents. Ils s'ajouteront aux 18 milliards d'euros du Grenelle consacrés à la construction des 2 500 kilomètres de lignes à grande vitesse et la réalisation de transports en commun en site propre.
Le développement massif des énergies renouvelables, créateur d'emplois verts, ne fait pas non plus parti du plan. Alors que les États-Unis se lancent dans un ambitieux projet énergétique, entre rénovation thermique et énergies renouvelables, qui devrait créer 5 millions d'emplois et favoriser l'indépendance énergétique, la France construit un nouvel EPR très contesté et laisse à EDF le soin de développer les énergies propres, en y consacrant uniquement 1/8ème de son budget.
Le budget prévu pour la rénovation énergétique des 30 millions de logements anciens présents dans l'hexagone est établi sous forme de subventions, qui s'élèveront à 100 millions d'euros : une goutte d'eau, quand le prix de la rénovation d'un logement pour aboutir à une meilleure performance énergétique atteint entre 200 et 400 euros du mètre carré. Ce montant s'ajoute également aux mesures déjà existantes dans le Grenelle, notamment l'éco-prêt à taux zéro et le crédit d'impôt "développement durable".
Nicolas Hulot a déclaré sur RTL à propos de ce plan de relance "qu'on ne tient pas compte des engagements du Grenelle de l'Environnement" et estime "désolant cette disparité de moyens". Il dénonce l'attitude de Matignon qui considère l'environnement comme "un paramètre marginal".