Accessibilité Aller au contenu Les journalistes environnementalistes sont menacés à travers le monde

Les journalistes environnementalistes sont menacés à travers le monde

Par Josselin Renaud. Publiée le 09 juin 2010 à 15:51 dans Actualité de l'environnement

Selon le dernier rapport de Reporters sans Frontières (RSF), enquêter sur les causes des dégradations de l'environnement est un exercice délicat en de nombreux points du globe. Les journalistes font face aux intimidations des autorités et des industriels pollueurs, notamment sur les sujets de la déforestation et les pollutions industrielles.

Liberté de la presse

D’après Reporters sans Frontières, il n’est globalement pas risqué de traiter les problèmes environnementaux dans la presse. La médiatisation du réchauffement climatique a même atteint les pays les plus hostiles aux médias. Pourtant lorsque les journalistes fouillent un peu trop et citent des noms, des responsables, des barrières se dressent. Au cours des derniers mois, Reporters sans frontières a recensé plusieurs incidents révélateurs du climat hostile à ces journalistes.

Au Brésil, alors même que l’environnement est un sujet-phare de la politique nationale, un journaliste est victime de harcèlement judiciaire pour une série d’enquêtes sur la déforestation en Amazonie. En Indonésie, un journaliste est menacé de mort pour avoir mis à jour l’implication d’un officier militaire dans un trafic de bois.

Autorités et industriels de mèche

Certains gouvernements savent que la révélation de scandales pourrait ternir l’image de leur pays. Les autorités déploient de larges moyens pour empêcher la libre circulation de l’information sur les questions cruciales que sont la déforestation et les pollutions industrielles, notamment dans le domaine des exploitations minières.

C’est le cas en Argentine, Inde, Indonésie, Salvador, Gabon ou en Chine. L’appareil judiciaire lorsqu’il existe ne joue pas son rôle. Les autorités de Pékin limitent radicalement le travail d’investigation sur les pollutions des rivières tibétaines par les projets industriels chinois. Les mines de bauxite exploitées au Viêt-Nam sont un sujet sensible qui a conduit plusieurs journalistes et blogueurs en prison.

Reporters Sans Frontières démontre que le principal obstacle réside dans la complicité entre les industriels et les autorités locales. Ils intimident, censurent et achètent ceux qui seraient tentés d’exposer leurs pratiques. Les entreprises achètent régulièrement de l’espace publicitaire dans les journaux locaux pour faire taire les critiques médiatiques. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, la multinationale malaisienne Rimbuan Hijau (RH) a trouvé un moyen très efficace pour limiter les articles gênants sur la déforestation : elle est propriétaire de "The National", le principal quotidien du pays.

Les militants écologiques, atouts de la presse menacés

Dans la majorité des pays où la presse subit contrôle et intimidation, le seul moyen pour les journalistes d’aborder ces questions dérangeantes est de reprendre les informations produites par les militants écologistes, notamment les organisations internationales de défense de l’environnement. Elles sont trop souvent les seules à être capables de collecter l’information, de la traiter et de produire des rapports précis. Malheureusement, ces militants sont eux aussi menacés. Les écologistes chinois, sources principales des journalistes locaux et étrangers, sont régulièrement inquiétés par les autorités

En septembre dernier, Reporters Sans Frontières avait déjà recensé plus d’une quinzaine de journalistes blogueurs et militants disparus, arrêtés, menacés pour leurs enquêtes. L’organisation avait profité de la conférence de Copenhague en décembre 2009, pour lancé un appel international pour une meilleure protection des journalistes environnementalistes. Un appel qui a reçu de bons échos, selon RSF.

Partagez cette actualité

Suivez-nous