Accessibilité Aller au contenu Catastrophe de Bhopal : 25 ans après, condamnations légères

Catastrophe de Bhopal : 25 ans après, condamnations légères

Publiée le 08 juin 2010 à 08:51 dans Actualité de la pollution et des accidents d'entreprises

L'explosion de de l'usine de pesticides Union Carbide, survenue à Bhopal en Inde en 1984, est la pire catastrophe industrielle de tous les temps. Elle a fait au total près de 25 000 morts selon Amnesty International. Le jugement vient d'être rendu, 25 ans après le drame : un verdict bien amer pour les victimes.

Victimes de l'usine de Bhopal devenues aveugles

La tragédie de Bhopal symbolise cruellement l'irresponsabilité de certaines entreprises industrielles, dont l'unique objectif est la rentabilité économique et financière de leur activité sans aucune prise en compte des facteurs humains et environnementaux.

Elle démontre également l'impunité de ces dirigeants-voyous, responsables de milliers de morts et de blessés et d'une pollution environnementale irrémédiable, et pourtant à l'abri de toutes poursuites.

Une filiale de l'entreprise américaine Union Carbide, depuis renommée Dow Chemical, fabriquait des pesticides dans la ville de Bhopal située au centre de l'Inde. Dans la nuit du 3 décembre 1984, une explosion a dégagé 40 tonnes d'isocyanate de méthyle, produit extrêmement dangereux en raison de sa forte toxicité et de son pouvoir irritant et allergène.

3 500 personnes ont été tuées dès la première nuit, les autres décès ayant eu lieu au fil du temps à cause des intoxications. Au total, 362 450 victimes ont été recensées par les autorités indiennes, comprenant des morts, des incapacités totales définitives, des invalidités ou des blessures.

Le PDG de Union Carbide de l'époque, Warren Anderson, est accusé d'homicide et déclaré fugitif par le chef judiciaire de Bhopal. Il ne s'est pas présenté à la cour lors du procès, et vivrait actuellement aux États-Unis dans l'État de New York sans être inquiété.

Deux ans de prison pour 25 000 morts ?

Le verdict qui vient d'être rendu condamne à deux ans de prison sept anciens dirigeants de l'usine ainsi que la société Union Carbide India Limited, filiale de l'entreprise américaine Union Carbide. L'ex-PDG américain figurait aussi sur le banc des accusés, mais n'a pas été nommé lors du verdict. L'Inde réclame aux États-Unis son extradition depuis près de 20 ans, sans résultat.

Les associations de défense des droits des victimes de la catastrophe crient au scandale. "Même avec ce jugement de culpabilité, que signifie deux ans de peine de prison?" demande Sadhna Karnik, membre d'une association. "Ils vont pouvoir faire appel auprès de plus hautes juridictions" a-t-elle souligné à l'AFP.

A l'extérieur du tribunal, des défenseurs des droits de l'homme ont qualifié le verdict d'insulte, ne comprenant pas de surcroît les 25 années nécessaires à ce jugement. La société américaine Dow Chemical estime pour sa part qu'elle n'a plus aucune responsabilité dans cette catastrophe, car une indemnité de 470 millions de dollars a été versée au gouvernement indien en 1989, en contrepartie de l'arrêt des poursuites pénales. Et Warren Anderson, qui approche aujourd'hui les 90 ans, n'a jamais été inquiété.

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