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Un parc national dans les calanques

Par Annabelle Alix. Publiée le 30 août 2011 à 09:33 dans Interview développement durable

Un parc national est sur le point d’être créé dans les calanques de Marseille, afin d’en préserver la faune et la flore. En quoi consistera-t-il ? Quel impact aura-t-il sur la liberté de circulation du public ? Entretien avec Benjamin Durand, Directeur adjoint du Groupement d’Intérêt Public des Calanques.

Parc Naturel Régional

Annabelle Alix : Qu’est ce qu’un parc national ?
Benjamin Durand : Un parc national est un espace naturel d’exception au sein duquel le patrimoine culturel et environnemental est protégé de manière durable. Le premier parc de ce type, Yellowstone, a été créé aux Etats-Unis en 1872. En France, la loi réglementant les parcs nationaux a été votée en 1960. Depuis, neuf parcs y ont été créés. Leur statut a été réformé par une loi de 2006. Le parc national des calanques est le dixième de France, et le premier à être créé sous l’égide de la loi de 2006.

A.A : Les calanques ont-elles réellement besoin d’une protection renforcée ?
B.D. : Le constat d’une dégradation de la végétation et d’une disparition progressive de la faune dans les calanques est sans équivoque. Or on y trouve des espèces végétales qui n’existent nulle part ailleurs dans le monde, comme la Sabline de Provence. Les calanques reçoivent des centaines de milliers de visiteurs chaque année. Une telle fréquentation engendre de la pollution, renforcée par la proximité de la ville. La loi de 1930 sur les sites classés a sauvé les calanques de l’urbanisation. Les arrêtés préfectoraux pour la prévention des incendies restreignent leur accès durant certaines périodes de l’année. Mais la protection du site doit être renforcée.

A.A : Quelles ont été les étapes de la création du parc national ? Où en est-on ?
B.D. : Le projet de parc a été pris en considération en 2009 par le 1er ministre qui a accepté de reconnaître les calanques comme étant un lieu d’exception. Puis il a fallu deux ans de concertation entre les différents acteurs, pour obtenir un consensus sur le contenu du projet. Le groupement d’intérêt public (GIP) des calanques rassemble des représentants de l’Etat et des collectivités locales, et des personnes privées (associations, particuliers,...). En juin dernier, le dossier de création du parc a été voté à 95% des voix dans sa troisième version. Celui-ci s’étendra sur 8 000 hectares, et comprendra une partie des communes de Marseille, Cassis et La Ciotat. Port Miou (calanque de Cassis) et les îles du Frioul (au large de Marseille) ne feront pas partie du cœur de parc.

A.A : Quelles sont les particularités de ce futur parc par rapport aux autres ?
B.D. : Le parc national des calanques sera le premier à être marin, à 40%. Par ailleurs il sera situé en périphérie urbaine, et même aux portes d’une grande ville. Ceci est très rare et complique sa création, car des négociations doivent être engagées avec tous les acteurs environnants. Les parcs nationaux se situent habituellement dans des endroits beaucoup plus isolés.

A.A : La création d’un parc national restreindra-t-il l’accès des calanques au public ?
B.D. : La circulation pourra être restreinte à certains endroits dits « laboratoires », réservés à l’observation de l’évolution de la nature en l’absence de l’homme. Mais l’objectif d’un parc national est de protéger un territoire tout en l’ouvrant au public. Le parc national des calanques posera quelques interdictions, mais surtout des régulations. La randonnée, l’escalade, le VTT seront toujours autorisés mais plus réglementés. La chasse sera également maintenue, mais très encadrée.

A.A : Et en mer ?
B.D. : En mer, une zone de non-pêche serait imposée, afin de créer l’effet « réserve » (surdensité de poissons, plus gros et vivant plus longtemps). Son consensus concerne 10% du futur parc national marin. Les interdictions concerneraient notamment les jet-ski, les compétitions de chasse sous-marine et les engins électriques ou hydrauliques servant à la pêche. La plaisance serait toujours autorisée, mais un balisage indiquant où mouiller sera proposé, afin d’éviter les dégradations sous-marines. Toutefois, le territoire maritime appartient au domaine public de l’Etat, qui est le souverain de son exploitation. Les réglementations spéciales incluses dans le décret de création du parc seront applicables dès sa publication. Le conseil d’administration du parc pourra par la suite faire de nouvelles propositions au préfet, qui prendra la décision finale.

A.A : Quand le parc sera-t-il créé ?
B.D. : La création du parc est prévue au printemps 2012. L’enquête publique (étape caractérisée par la transparence du projet envers public) est prévue pour mi-octobre.

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